Edito tout frais : Noisiel : des œuvres envahissent espace public et commerces pour célébrer les droits des femmes

Voilà une exposition très originale ! Jusqu’au samedi 16 mars 2024, trente-deux œuvres réalisées par onze artistes s’installent un peu partout à Noisiel (Seine-et-Marne), à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Particularité, les artistes exposant pour Plurielles sont toutes des femmes.

Une grande première

L’originalité de cette exposition tient dans son installation : elle envahit tous les recoins de la commune, jusqu’aux plus inattendus. « L’exposition innove en allant directement auprès des habitants. En effet, elle a lieu jusque dans les commerces, puisque treize boutiques participent, mais aussi dans cinq structures municipales, que ce soit le pôle culturel, la mairie principale ou encore l’ancienne mairie », énumère Mathieu Viskovic, le maire de Noisiel.

L’idée de cette exposition, grande première à Noisiel, remonte au courant de l’année 2023. Après un travail de longue haleine, qui a fait travailler ensemble agents de la ville et artistes, la concrétisation permet de mêler culture et sensibilisation. « Cette exposition participe d’une sensibilisation, et ajoute un volet culturel en allant un peu partout dans la ville. Si cela fonctionne, pourquoi ne pas recommencer ? », explique l’édile.

Que ce soit les pharmacies, l’agence immobilière, le fleuriste ou encore le Super U, tous ont joué le jeu, et cela semble même ravir les habitants, interloqués à la vue des réalisations des artistes dans ces lieux pour le moins insolites.

« Faire bouger les lignes »

Parmi les nombreux artistes à exposer dans les différents points de Noisiel, on retrouve Cristina Gonzalez-Vega. Venue de Torcy, elle avoue aimer l’art depuis toujours. « J’ai été très tôt passionnée par les bijoux, le tricot… Arrivée à la retraite, en 2018, je me suis inscrite dans un atelier de peinture, puis je me suis lancée seule », se souvient Cristina Gonzalez-Vega.

Avec son univers plus que coloré, qu’elle décrit comme « expressif », elle s’engage dans des combats qui lui tiennent à cœur. D’ailleurs, très tôt, l’artiste a eu la volonté de s’exprimer sur des sujets qu’elle juge importants. Elle a dû quitter, dans sa jeubnesse, le Chili de Pinochet, devenant ainsi réfugiée politique en France. « Je peins pour exprimer ma colère. Je m’inspire de la défense des droits, des injustices… C’est une façon de s’exprimer, l’art est une manière de faire bouger les lignes », assure-t-elle.

Dans les œuvres qu’elle expose à Noisiel, il y a une toile, Combat de femme. Dessus, elle développe plusieurs mouvements de protestation des femmes, du mouvement « Pas une de plus » en Espagne, aux foulards blancs de la place de Mai, à Buenos Aires, en Argentine.

Pour elle, participer à une telle exposition était important, encore plus à l’heure actuelle. « Les droits des femmes sont bafoués en France. Par exemple, l‘inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la constitution, c’est un homme qui nous l’annonce, pas une femme. On parle aussi de journée de la femme, il n’y pas de journée de l’homme. Pour lui, c’est toute l’année ? », s’interroge celle qui intervient en tant qu’art-thérapeute en psychiatrie.

À l’heure des grandes révélations du harcèlement sexuel dans les milieux artistiques, après le mouvement « Balance ton porc » ou encore les récentes déclarations de l’actrice Judith Godrèche, elle remarque aussi le manque de réaction face à la cause des femmes. « On parle du monde des artistes, mais dans les autres milieux ? On ne fait rien pour la cause des femmes battues », déplore Cristina Gonzalez-Vega.

Pour Mathieu Viskovic, la question du droit des femmes a aussi toute son importance. « Dès 2017, j’ai créé une délégation au droit des femmes. C’est un vrai signal politique », explique celui pour qui il reste beaucoup à faire à l’échelle nationale sur cette question.

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